E.R.G. – Ergocomics Labo, un journal

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Des gens qui hurlent sans bruit, qui font sourire sans sourire, pleurer sans pleurer, qui bougent et tournent et grouillent dans l’immobile :

Des images. Toutes sortes d’images. Mais pas n’importe quelles images.
Cours de récréation, elles constituent le véritable laboratoire.
On pourrait longuement parler d’elles…

Il semblerait que l’image soit le lien véritable d’un commerce effectif avec les choses, avec le monde, et que le discours devenu la tombe d’une « fiction grammaticale » tente de désincarner la voix de l’image pour n’y plus faire valoir qu’un sujet devenu « fiction iconique ».
L’image en général et la bande dessinée en particulier ne se laissent pas déchiffrer mathématiquement. Parce qu’elles sont les lieux de la qualité, la ressemblance y est plus féconde que l’identité .
Viser la transparence formelle de l’image en dégageant ses structures sur le modèle d’une mécanique, c’est tout autant se donner les moyens de la réussite que ceux de l’échec : Là où l’image est transparence grammaticale ou structurelle, elle n’est pas ou n’est plus.
Y recenser des « natures simples », y élire des symboles de types algébrique articulés en codes, c’est affilier en force l’image à ce dont elle tente de s’affranchir. Que la caution logico-iconographique en structurale que le tribunal linguistique et sémiologique apporte à l’image lorsqu’il la dit « fonctionner » ne nous en fasse pas accroire.
Cette légitimité déréalisante que lui confèrent les sciences qui revendiquent quelqu’ intérêt pour elle, l’image n’en veut pas et s’en moque. Par delà la Bande Dessinée,- laquelle condense et ramasse tant de problématiques de la représentation-, mais à travers elle, c’est à qui prétend statuer sur l’image que ces questions s’adressent.
Sans doute aucun reporter de guerre n’a-t-il jamais solutionné de manière décisive le conflit qu’il décrivait.
Mais il s’agit véritablement de rompre l’ « assujettissement intellectuel au langage, en donnant le sens d’une intellectualité nouvelle et plus profonde, qui se cache sous les gestes et sous toute pratique sémiotique » (I), alors le silence (voire le nôtre) ne serait pas le moindre de nos gains, il pouvait obliger la pensée, contre les déluges, critiques et bavards que l’on sait, à l’attention recueillie devant l’image, et y trouver, enfin, son demain… (II)

Mais laissons-les parlez d’elles-mêmes.

(I) Julia Kristeva « Semiotiké » (1968 Seuil Ed.)
(II) Thierry Lagarde « Analyse critique de la bande dessinée » Futuropolis.